Portraits

Rencontre avec Helga Massetani, Bitamine Faktoria

Alors que La Rencontre de San Sebastian* se profile, nous avons rencontré Helga Massetani, fondatrice de BITAMINE FAKTORIA. Retour sur un entretien passionnant avec un collectif rebelle, comme un électron libre dans le champ artistique !

Helga, une personnalité multicolore

Comme Bitamine Faktoria, Helga est une transfrontalière ! Artiste engagée, elle est aussi administratrice d’un Centre d’Art qui rayonne sur l’ensemble du Pays Basque français et espagnol.

Arrivée d’Argentine en 2005, elle laisse derrière elle sa carrière de professeur national des Arts Visuels à l’Université de Buenos Aires pour se consacrer à la pratique artistique et à l’enseignement dans les Maisons Culturelles de San Sebastián, Zizurkil et Villabona. Elle rapporte de son pays natal sa passion et une vision profondément ouverte et humaniste. En résidence au Centre d’Art Contemporain Arteleku entre 2006 et 2010, elle rencontre d’autres artistes avec lesquels elle lance un collectif « Artitadéto ». Guidée par une volonté d’internationaliser l’art contemporain et de soutenir la diffusion, mais aussi la production d’artistes entrant difficilement dans les canaux habituels, elle fonde en 2011 Bitamine Faktoria.

Personnalité multifacette, elle est à la fois artiste, créative, mais aussi commissaire d’exposition, gestionnaire de projets et formatrice. Une multiplicité qui lui va comme un gant !

Bitamine Faktoria, lieu de création transfrontalier

Cette « Usine à Création » est un lieu totalement atypique de 120 m2 situé à Irun (Espagne) dans lequel se croisent des artistes engagés dans des domaines très différents, allant du théâtre aux Arts sonores ou visuels jusqu’à la danse. Elle porte l’ambition de mener une démarche d’innovation, de créativité et d’expérimentation artistique. Helga le précise, « l’artiste ne doit pas uniquement confronter, mais également impulser une réflexion ». C’est en tout cas ce que tente de faire l’association, en utilisant l’art comme un outil de développement culturel mais aussi social, afin d’offrir un regard sur l’avenir plus imaginatif, cohérent et écologique.

Structure autofinancée, Bitamine Faktoria fonctionne sur un principe à priori simple, celui de la complémentarité.

D’un côté, elle est une “agence” de design graphique, d’espaces et de mobilier qui offre tous les services d’une agence traditionnelle. Elle propose également des services en matière de programmation culturelle, de commissariat d’exposition et organise des manifestations pour le compte d’institutions ou d’agences de développement. Elle mène aussi des formations sur les arts graphiques et le design en lien avec l’école Khunstal d’Irun. Ces sessions s’adressent à tous les publics et en particulier aux étudiants et aux chômeurs afin de faciliter le retour vers l’emploi.

De l’autre, Bitamine Faktoria est un Centre d’Art destiné à promouvoir, produire et soutenir des artistes évoluant dans le milieu de l’art contemporain dans le Pays Basque français et espagnol. Ses installations voyagent ainsi de Bilbao à Bayonne pour mettre en lumière des productions d’artistes locaux. Il organise également des échanges et des résidences d’artistes internationales provenant des quatre coins du monde. Cette année, après avoir reçu 150 candidatures, c’est une artiste sud-coréenne qui a été invitée en résidence. Dans le même temps, un artiste basque est reçu en Argentine pour une résidence de plusieurs semaines qui lui offrira l’opportunité d’intégrer un nouvel univers. Un excellent moyen de découvrir de quelle façon cet environnement nouveau peut être source de créativité !

La libre circulation des êtres humains

Bitamine Faktoria a réalisé le visuel utilisé pour notre grande rencontre annuelle. Cette image est tirée d’une installation réalisée de 2009 appelée « La libre circulation des êtres humains ».

Helga se souvient des difficultés rencontrées pour se déplacer lors de son arrivée en Europe. Auprès d’artistes de diverses nationalités, elle a donc imaginé cette installation qui interroge sur les flux circulatoires et les différentes manières de se déplacer, légalement ou illégalement. Ces questions, soulevées de manière ironique il y a 7 ans, ont encore et toujours plus de sens aujourd’hui. Helga parie même que les questions soulevées par cette création seront toujours aussi fortes et éloquentes dans quelques années !

Helga sera l’une de nos invitées à San Sebastian. Elle interviendra durant l’un des débats sur le thème de « la participation artistique et culturelle à l’engagement social et politique » qui vise à faire naitre des propositions pour une culture engagée et indépendante, mais aussi à réfléchir sur la manière dont les pratiques artistiques et culturelles peuvent modifier l’approche de la démocratie.


*Article écrit sur commande du réseau culturel européen LIKE, les rencontres

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