Les différentes échelles de cotation de la dysgraphie ?
Si un enfant présente des difficultés d’écriture, qui mènent bien souvent à des difficultés scolaires, il est important de les prendre au sérieux et d’examiner de plus près ses problèmes d’écriture. Différentes échelles de cotation de la dysgraphie, le niveau l’altération de l’écriture, ont été développées pour évaluer la dysgraphie et plus largement, la qualité de l’écriture manuscrite et déterminer la façon de les prendre en charge.
Qu’est-ce que la dysgraphie ?
La dysgraphie est un trouble qui affecte l’écriture et son tracé. Elle se traduit de différentes manières selon les personnes touchées. Il peut par exemple s’agir d’une écriture lente ou au contraire d’une rapidité extrême, mais aussi laborieuse, difficile à lire, ou encore, d’un manque de soin. L’enfant (ou l’adulte) peut également ne pas avoir automatisé le geste graphique, c’est-à-dire qu’il n’a pas intégré les formes des lettres, leurs tracés, la chronologie de l’écriture des lettres et des mots. Dans ce cas-là, l’écriture prendra beaucoup de temps et nécessitera une réflexion importante de la part de l’enfant. On note aussi parfois (ou souvent) un problème de tenue de crayon et de posture, provoquant des douleurs qui s’installent de la main jusqu’au dos en passant par le cou.
Ces difficultés génèrent souvent une perte de confiance en soi, un manque d’estime de soi et des comportements difficiles, tant l’image de soi est ébranlée. Les enfants dysgraphiques sont régulièrement montrés du doigt et ouvertement rabaissés.
La recherche de dysgraphie nécessite un bilan graphomoteur établi par un graphothérapeute.
L’échelle d’Ajuriaguerra : l’outil de référence pour évaluer la dysgraphie
L’évaluation et la pose du diagnostic de la dysgraphie reposent sur un outil développé par le neuropsychiatre et psychanalyste Julian de Ajuriaguerra dans les années 60.
Elle permet l’évaluation de l’écriture chez des enfants de 6 à 12 ans.
L’analyse de l’écriture repose ici sur un texte ou la lettre à un ami dicté par le graphothérapeute, puis sur la copie de 2 phrases écrites par l’enfant durant 1 minute, l’une à vitesse normale et l’autre à vitesse rapide.
L’échelle E comprend deux grandes rubriques : l’échelle de forme (EF) et l’échelle de motricité (EM). Elles permettent d’évaluer la qualité du trait, la maîtrise du geste, des liaisons, mais aussi la tenue de ligne, les retouches, les tremblements, etc.
Elles donnent l’âge graphomoteur de l’enfant et évaluent les points d’altération de l’écriture.
L’échelle de détérioration (ED) permet d’évaluer la dysgraphie, son niveau. Le graphothérapeute peut ensuite la caractériser :
- Lente et précise : tracés soignés, retouches, rythme lent
- Raide : irrégularités de tracés, appui important, tension dans l’écriture
- Impulsive : manque de contrôle du mouvement, rythme saccadé
- Maladroite : mauvaises proportions des lettres, mauvaise qualité du trait, retouches, problèmes de liaisons
- Molle : manque de précision, irrégularités, lignes ondulantes.
En général, on constate plusieurs formes de dysgraphies chez un même enfant, avec des “symptômes” de l’écriture se retrouvant dans plusieurs types de dysgraphie. Il est important de noter que l’aspect “sale” des productions est un trait caractéristique de la dysgraphie. Inutile donc d’en rajouter en stigmatisant l’enfant.
À chaque item, le graphothérapeute attribue une note entre 0 et 1, selon les fréquences d’apparitions dans l’écriture de l’enfant et son âge. Le résultat obtenu suffit à diagnostiquer, si l’enfant présente une dysgraphie ou non. Une dysgraphie est suspectée à partir de 10, débute à 14 et se révèle forte à 19.
Cette échelle nécessite de grandes connaissances en graphologie. Ayant vieilli, elle a été révisée dans les années 2000 et est de plus en plus souvent remplacée par l’échelle BHK.
L’échelle BHK : l’outil d’évaluation de la dysgraphie
Le BHK, brave handwriting kinder, est une échelle d’évaluation rapide de l’écriture élaborée par R. Soppelsa et J.M. Albaret en 2004 pour la version consacrée à l’enfant à partir du CE1, et 2013 pour la version permettant de détecter la dysgraphie au collège.
C’est une échelle reconnue par la Haute Autorité de Santé et donc, utile pour bénéficier d’une prise en charge financière dans le cadre d’un accompagnement thérapeutique auprès de la MDPH, maison départementale pour les personnes handicapées.
L’évaluation consiste à écrire un texte de référence d’endurance de 5 minutes, qui permettra l’analyse de différents critères de l’écriture.
Il existe 13 critères qualitatifs pour les enfants et 9 critères pour les adolescents.
Chez les enfants, on observe la taille de l’écriture, l’homogénéité, les proportions des zones, l’inclinaison de la marge, l’espace inter-mots, la forme, les liaisons, les télescopages, etc.
La note totale au test, qui est une note de dégradation, varie de 0 à 65 points pour les enfants et 0 à 45 points pour les adolescents.
L’Échelle ADE : un outil pour évaluer les difficultés de l’écriture
En 2014, A. Gavazzi Eloy imagine une autre échelle de cotation. Contrairement aux autres échelles utilisées, l’échelle ADE, approche dynamique de l’écriture, part du principe que chaque écriture peut se stabiliser en trouvant ses propres modes préférentiels de coordination, à condition que les finalités de l’écriture soient respectées.
L’enfant est invité à réaliser 2 tests de copie. Le premier est un test d’endurance de 5 minutes, et le second, un test de vitesse, 1 minute à vitesse normale et 1 minute à vitesse rapide.
24 items sont répertoriés. Ils représentent des difficultés de nature différente et sont répartis selon les 4 facteurs constitutifs de l’écriture que l’on analyse en graphologie, le trait, la forme, l’espace et mouvement/continuité.
Il existe ici trois niveaux de vigilance, faible, moyen et élevé, qui révèlent des dysfonctionnements nuisant à la lisibilité de l’écriture. Cela permet donc un « état des lieux » approfondi de l’écriture de l’enfant. L’étude des résultats permet ensuite d’établir un diagnostic et une rééducation.
Ces évaluations sont indispensables pour porter un regard objectif et qualitatif sur l’écriture. L’analyse de l’espace, du trait, de la forme et du mouvement, issue de la graphologie est un pré-requis pour compléter ces échelles.