La scarification, aussi appelée automutilation est un phénomène qui touche un grand nombre d’adolescents. On estime en effet qu’1 adolescent sur 6 s’est déjà scarifié. Souvent perçue comme un appel à l’aide, la scarification chez les adolescents révèle bien souvent des souffrances psychologiques profondes. Qu’est-ce que la scarification, à quoi sert-elle et comment accompagner un adolescent qui y a recours ? Vous trouverez quelques informations et conseils dans cet article.
Qu’est-ce que la scarification ?
La scarification est une incision cutanée superficielle, souvent réalisée avec une lame de rasoir, entraînant dans la plupart des cas des saignements. Ils sont effectuées par une personne (souvent adolescente) sur son propre corps, souvent sur les bras ou les jambes. Ces coupures résultent d’un acte d’automutilation réalisé sans intention suicidaire.
Les émotions chez les adolescents
L’adolescence est une période de grande sensibilité. De nombreux changements apparaissent, qu’ils soient physiques ou émotionnels. Le corps évolue et l’influence des hormones peut chambouler un équilibre déjà fragile. Parfois le simple fait de grandir, de passer de l’enfance à la vie d’adulte peut causer, chez l’adolescent, une anxiété difficile à soutenir.
Tout cela peut mener à de l’incompréhension quant à certaines pensées ou comportements, qui viennent alors déstabiliser un « enfant » en pleine évolution, sans toujours bien se reconnaître.
De nombreuses émotions viennent aussi perturber le quotidien d’un adolescent, qui peut passer par des phases d’euphories et de dépression parfois inexpliquées. Cela fait de ce passage de vie un moment de fragilité pourtant essentiel à la construction de soi.
Enfin, un chemin de vie difficile, des pensées récurrentes, des difficultés relationnelles, un mal-être ou des traumatismes sont la source de conflits intérieurs et extérieurs, peuvent aussi renforcer cet état. Il est alors fréquent que l’adolescent se sente en perte de repères.
Pourquoi un adolescent se scarifie-t-il ?
Un adolescent en souffrance peut voir en la scarification un moyen de « gérer » ses émotions. Le fait de se scarifier pourrait alors lui permettre de sortir physiquement la souffrance de son corps. En s’incisant la peau, il cherche à soulager temporairement une douleur émotionnelle insupportable, en la transformant en douleur physique, alors plus « facile », pour lui, à soigner.
L’acte peut aussi être perçu, par celui qui se l’inflige, comme le contrepoids d’une balance difficile à équilibrer, qui oscillerait entre bien-être de la personne et désespoir pouvant la conduire au suicide. La scarification permettrait de trouver un équilibre, certes inconfortable, pour rester « du bon côté » et éviter un geste plus radical. Cependant, le soulagement procuré par la scarification est de courte durée et ne traite pas les causes profondes du mal-être.
Heureusement, la scarification n’est pas inexorable et différentes approches peuvent être tentées pour dépasser ces pratiques aussi douloureuses pour le corps que pour l’esprit.
Parler de la scarification avec un proche
Si cela peut sembler simple en apparence, dire que l’on s’adonner à de telles pratiques est particulièrement difficile. Pourtant, commencer à en parler est un premier pas vers la cicatrisation. Il n’est pas toujours facile de se confier à une personne proche. Il arrive que l’adolescent soit inquiet à l’idée de blesser ses parents ou encore, de leur faire. Il peut aussi avoir peur du regard de l’autre, du jugement sur cette pratique qu’il sait destructrice.
Si une personne de votre entourage traverse ce type de souffrance, offrir un espace d’échange sans jugement semble un bon prélude à la guérison. L’adolescent peut alors commencer à mettre des mots sur ses sentiments, ses émotions et sur ses craintes, tout en se sachant écouté et entendu par des personnes présentes pour lui.
Si vous avez recours à la scarification et que vous souhaitez en sortir, nous vous recommandons d’oser en parler avec une personne proche, un ami, un membre de votre famille, capable de vous écouter et de vous aider à entamer les démarches nécessaires. S’il est plus facile de laisser un ami aborder ce sujet auprès de votre famille, permettez-lui de le faire. Il n’y a pas UNE SEULE solution. Toute aide vous sera utile, dès lors qu’elles permet d’accompagner votre démarche de changement.
Contacter un spécialiste
S’il est important pour un enfant ou un adolescent d’être soutenu par son entourage, l’accompagnement d’un spécialiste semble aussi fondamental. Il est essentiel pour l’enfant de trouver en son accompagnant un appui, qui lui permettra ensuite d’avancer. La relation humaine aura donc, ici, une importance primordiale. Quel que soit le profil de ce professionnel, médecin, psychologue, psychiatre et même art-thérapeute, c’est la confiance dans la relation thérapeutique qui sera la clé.
Celui-ci pourra, en outre, mettre la lumière sur les raisons qui poussent l’adolescent à la scarification ou encore, à trouver les ressources lui permettant de la dépasser.
Réagir en cas de crise
Découvrir un adolescent en train de se scarifier est un événement choquant. Toute la difficulté consiste donc à ne pas « réagir », mais à « agir » de manière bienveillante et pondérée à un moment où nous sommes généralement pris de panique. Il est fort probable que cela soit également traumatique pour celui qui est pris en train de se scarifier.
Gronder apparaît alors inutile, au même titre qu’essayer de retirer l’objet avec lequel la personne tente de se blesser. Cela pourrait d’ailleurs s’avérer plus dangereux encore.
Ces quelques comportements semblent également à éviter :
- Céder à la panique ;
- Minimiser les émotions ressenties par l’adolescent ;
- Refuser d’écouter les justifications de l’adolescent ;
- Nier les problèmes et le mettre de côté ;
- Punir l’adolescent ;
- Priver l’adolescent de vie sociale ou de téléphone ;
- Supprimer les outils à risque de la maison ;
- Comparer la situation de l’adolescent avec celle d’un autre.
Le plus important pour l’adolescent est de comprendre qu’il est entendu, qu’il n’a pas avoir honte ou à culpabiliser d’une situation dont il est lui-même victime, et dont il pourra sortir en étant bien accompagné. C’est aussi l’occasion de lui montrer qu’il n’est pas seul à vivre ces épisodes, que d’autres en souffrent, que l’on peut sortir de cette spirale et que vous êtes là pour l’y accompagner.
Libérer les émotions
Certaines pratiques permettent de libérer la psyché et de détourner ses pulsions. Des activités physiques, comme la course à pied ou le vélo, semblent excellentes, tout comme les approches créatives, utilisées notamment en art-thérapie. Elles permettent d’extérioriser les émotions et le mal-être pour faire de la place pour quelque chose de mieux.
Des groupes de parole peuvent aussi être l’occasion de partager son expérience et de se sentir moins seul. Cela permet aussi de trouver des ressources et parfois, des appuis, pour éviter de progresser dans la spirale de la scarification.
Fil santé jeunes
Si vous vous trouvez dans cette situation et que vous avez recours à la scarification, sachez que des professionnels sont à votre écoute, et notamment par téléphone, pour vous accompagner.
Fil santé jeunes est un service destiné aux jeunes de 12 à 25 ans. Le site internet https://www.filsantejeunes.com/ comprend des dossiers sur des thématiques diverses (notamment sur le mal-être, les drogues et les addictions), ainsi qu’un espace de discussion, et un chat. Il est aussi possible de les appeler gratuitement au 0 800 235 236, accessible tous les jours de 9h à 23h.
Bien que le mal-être de l’adolescent soit à prendre en compte, celui des personnes aidantes l’est également. Nous invitons vivement l’accompagnant à être lui-même soutenu par un professionnel, par son entourage ou bien dans un groupe de parole, qui lui permettront de prendre du recul, pour offrir son soutien de manière plus équilibré.


