Lors d’une conversation, il arrive que l’emploi de certains mots n’ait pas l’effet escompté. Même si cela part d’une bonne intention, inconsciemment les mots peuvent blesser l’autre ou créer des croyances erronées dans l’inconscient. Des expressions que nous utilisons au quotidien sont en fait dévalorisantes ou négatives. Et si nous réfléchissions à une autre manière de nous exprimer, si nous changions de vocabulaire pour quelque chose de plus juste ?
Les Formules dépréciatives
L’expression “mon pauvre”
L’expression “ma/mon pauvre ”, que l’on utilise un peu à tort et à travers, suppose en réalité un rapport financier et sème dans l’inconscient de l’autre la notion de pauvreté, même si au départ, il voulait faire preuve de compassion ! Pourquoi alors, utiliser cette formulation maladroite ? S’agit-il d’un lien avec la “mauvaise fortune”, la malchance ? Cette phrase associe un sentiment de jugement, de pitié et de plainte envers la personne qui le reçoit, ce qui peut parfois, même inconsciemment, avoir l’effet inverse que celui initialement souhaité. Pourquoi ne pas utiliser une autre phrase, comme “je suis désolée de ce qui t’arrive” ou encore, “je te soutiens”, “je suis là pour toi si tu en as besoin”. Ces formulations plus positives vous permettent en outre de tendre la main à celui qui peut en avoir besoin.
Souvenons nous que nous sommes d’ailleurs tous “riches” de ce qui nous rend heureux : famille, ami(e)s, travail, etc. À cette phrase, nous vous invitons à répondre “mon/ma riche” ! Vous constaterez qu’elle a de quoi questionner et déconcerter, et toujours faire avancer !
L’expression “bon courage”
L’expression “bon courage” est aussi souvent utilisée à mauvais escient. Par exemple, souhaiter «bon courage» à un(e) collègue sous-entend que sa journée va/peut mal se passer, ou encore que son travail est ingrat ou difficile à nos yeux. Peut-être que simplement lui souhaiter une excellente journée serait plus approprié, puisqu’il n’inclut pas la notion de difficultés possibles. L’expression “bon courage”, serait ensuite réservée aux situations difficiles et prendrait alors tout son sens, lorsque quelqu’un traverse une épreuve de vie, une maladie, etc.
L’expression “petit”
Certaines expressions sont composées d’adjectifs péjoratifs comme “petit” qui est dévalorisant comme un “petit boulot”, qui signifie souvent un emploi précaire, sans qualification. Pourquoi ne pas employer l’expression “travail temporaire” ou “travail à temps partiel” voire même “travail alimentaire” pour échapper aux connotations ici associées ? La notion de petit réduit ce qui suit. S’il est utilisé pour les “mignonneries”, ce mot dévalorise aussi dans l’inconscient, le mot qui suit… et c’est parfois (et certes, pas toujours) dommage !
L’expression “trop”
D’autres expressions comportent des adverbes faussement positifs comme “trop” qui désigne une quantité excessive. Il ne s’emploie donc pas avec un terme positif contrairement au mot “très”, souvent confondu et utilisé à la place “trop”. Ainsi, dire à quelqu’un qu’il a “trop de chance” signifie qu’il devrait en avoir moins, qu’il ne le mérite pas. Utiliser “très” traduit cependant que l’on est heureux pour lui, ce qui n’est pas le cas du trop. Il en va de même pour “j’aime trop”, “je t’aime trop”, ou encore, “trop bien”. Quelque chose n’est jamais “trop” bien, et on n’aime jamais “trop” quelqu’un ou une situation. Essayons de le remplacer par “très”, même lorsque cela n’est pas grammaticalement correct pour commencer… et voyons ce que cela produit !
L’expression “merci de”
Dans un tout autre genre, l’expression de faux remerciements “merci de + verbe”, telle que “merci de bien vouloir rendre le document pour 16h aujourd’hui”, donne un impératif d’action dissimulé et donc, un remerciement hypocrite. Cette expression a tendance à mettre mal à l’aise le destinataire et fait passer l’injonction sous-entendue de manière maladroite. Un simple “pouvez-vous s’il vous plaît ?” ou “j’ai besoin de ce document au plus tard à 16h s’il vous plaît ?” semble en revanche beaucoup plus franc et respectueux.
L’expression “il faut”
Parmi les injonctions souvent héritées de générations précédentes, l’expression “il faut” est sans doute l’une des plus fréquentes. Cette expression apporte une valeur d’obligation et ajoute une charge à une action. Il est souvent difficile de se défaire de ses habitudes, mais tenter de supprimer les “il faut” pour choisir une expression plus appropriée permet d’alléger le cœur comme l’esprit.
L’expression “bien / pas bien”
Expressions reines dans le monde du jugement, “c’est bien” et “ce n’est pas bien” sont non seulement désagréables à recevoir, mais traduisent aussi un sentiment de “sachant” chez celui qui détiendrait donc une forme de vérité universelle. Souvenons nous que notre vérité n’est pas toujours celle des autres. Il serait donc peut-être bon de trouver une autre façon d’émettre son avis, qui n’appartient d’ailleurs qu’à soi, pour partager un point de vue et non une vérité finalement tout à fait personnelle. C’est d’ailleurs ce qui est recommandé dans la communication non violente pour pacifier les relations.
Les autres expressions dévalorisantes
Le choix de certains verbes peut aussi être maladroit. Par exemple, dire à quelqu’un qu’il “devrait” se “contenter” de faire tel métier, même s’il ne lui plaît pas, parce que cela semble plus facile d’accès que son métier rêvé, peut induire chez la personne qu’elle n’a pas les ressources ou encore les capacités d’exercer le métier qu’elle désire. Elle peut semer le sentiment de ne pas mériter mieux. “Se contenter”, c’est renoncer à quelque chose, faire avec alors qu’une autre réalité est possible. L’interlocuteur qui choisit ses mots juge et conseille selon ses propres limites, et non celle de son interlocuteur. Il est important de s’en rappeler pour éviter d’être ébranlé.
Les conséquences des expressions dévalorisantes
Nous l’avons constaté, nos mots ont un poids et un sens particulier. Ils peuvent mener l’autre à se sentir blessé. Il peut alors garder une blessure inconsciente, la poussant même à modifier ses ambitions par peur d’échouer ou de ne pas les mériter, ou encore, ses interactions sociales par peur d’être à nouveau jugé.
Le dénigrement est un facteur favorisant la perte d’estime de soi, et donc la tristesse, la colère ou l’anxiété.
Les mots ont un véritable pouvoir sur l’inconscient, qui nourrit ensuite des croyances erronées et des ancrages négatifs. L’hypnose est un outil formidable pour aider à comprendre sortir des schémas limitants et éliminer nos croyances erronées, conscientes ou inconscientes.
Choisir ses mots soigneusement, avec bienveillance et compréhension, demande un certain temps, du travail, mais contribue à créer un environnement positif où chacun se sent respecté. Les mots, s’ils ont la capacité à blesser, ont aussi le pouvoir de guérir.


